Bourdais y croyait
Sébastien Bourdais, qui a conservé son titre de ChampCar, a révélé jeudi avoir été en contact avec BMW pour un volant en Formule 1 en 2006. La place convoitée est finalement revenue à Jacques Villeneuve. Sous contrat jusqu'à fin 2007 avec l'écurie Sauber, rachetée par BMW, le Canadien a été confirmé jeudi matin comme pilote de la nouvelle équipe allemande.
Votre deuxième titre en ChampCar a-t-il pesé dans vos discussions avec les écuries de F1 ?
«Ca ne peut pas faire de mal, mais les opportunités sont restreintes. J'étais optimiste avec BMW car c'est une nouvelle équipe et elle est ambitieuse. Malheureusement, le contrat de Villeneuve s'est avéré plus difficile à casser qu'on ne le pensait. Donc j'ai resigné en 2006 en ChampCar avec Newman-Haas car il n'y avait rien de sérieux en F1. En fait, j'ai signé pour deux nouvelles années, mais avec une clause de sortie fin 2006 dans le cas où les choses se débloqueraient pour moi en F1.
Jusqu'où étiez-vous allé dans vos contacts avec BMW ?
J'ai longuement discuté avec Mario Theissen (le directeur de BMW Motorsport et patron de la nouvelle écurie) d'abord au téléphone, puis en personne. La première fois, au téléphone fin septembre, j'avais senti un réel intérêt de sa part. Mais quand nous nous sommes rencontrés, il était clair qu'ils ne pourraient pas se défaire du contrat de Jacques (Villeneuve). Il restait alors une possibilité d'être troisième pilote, mais cette solution n'aurait été envisageable qu'assortie d'une garantie d'un baquet de titulaire en 2007. Or ce type de garantie est impossible à donner et Mario savait que j'avais trop à lâcher pour courir ce risque. Il ne m'en a donc même pas parlé.
Vous n'accepteriez de piloter en F1 que pour une écurie performante ?
Le problème est plus simple. Actuellement, il n'y a que deux, voire une seule écurie (Midland) où il faut apporter de l'argent. Tous les autres sièges sont intéressants. Mais Ferrari et McLaren ne prendront jamais de pilote débutant en F1 et Renault ne me prendra pas moi, Sébastien Bourdais. Par ailleurs, je ne fais pas partie du programme Red Bull. Alors...
Est-ce le directeur général de Renault F1 Flavio Briatore qui bloque votre arrivée ?
Chez Renault, oui ! Le discours de Faure (président de Renault F1) et Briatore est net : il n'y a aucun pilote français digne de piloter en F1. C'est marrant quand on voit le nombre de pilotes français qui gagnent dans d'autres séries que la F1. Ils (Faure et Briatore) n'ont même pas eu la courtoisie de reconnaître le bon travail que nous faisions tous. Donc s'il y a une opportunité pour Bourdais en F1, ce ne sera pas chez Renault ! Avec eux, on se fait assassiner devant tout le monde pour rien, alors mieux vaut ne pas y revenir et voir quelles sont les opportunités réelles.
Avez-vous tiré un trait sur votre carière en F1 ?
Le trait se tirera tout seul pour 2007 si rien ne se passe. On n'arrive pas en F1 lorsqu'on approche de la trentaine. Or moi, j'aurai 28 ans en 2007. En plus, la F1 n'est pas une obsession. J'ai la chance de rouler dans la meilleure équipe de ChampCar, de gagner des courses et même des championnats. Il y a beaucoup de pilotes qui aimeraient être à ma place !
Que pensez-vous de l'éventuelle arrivée de Franck Montagny en ChampCar la saison prochaine ?
Il aurait tout à fait sa place en ChampCar et au volant d'une voiture performante, il serait là pour la gagne. Mais il n'est pas plus facile d'arriver en ChampCar qu'en Formule 1 ! Si Fittipaldi n'avait pas libéré un volant chez Newman-Haas, je ne sais pas où je serais aujourd'hui !»